Une note attribuée à l’armée algérienne sur un « parfum toxique » qui tuerait l’utilisateur au bout de 3 jours s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et dans certains médias lundi 28 août, poussant même le ministère du Commerce à ouvrir une enquête.

Problème, ou dix. La document en question contient plusieurs affirmations qui laissent perplexe. Le produit est introuvable chez les vendeurs de produits cosmétiques et enfin, des histoires similaires se sont propagées précédemment partout dans le monde et ont été démenties à chaque fois.

La rumeur

Le document, titré « Note de travail relative au danger de l’utilisation du parfum Relax » porte l’entête de la direction régionale de la santé de la 1ère région militaire. Le texte affirme « la découverte » d’un parfum « toxique et mortel » dans plusieurs pays arabes et musulmans, dont l’Egypte, le Soudan, le Liban, l’Irak, le Bahreïn et le Koweït.

Selon la même note, des « tests chimiques » sur ce parfum et des « examens médicaux » sur ses utilisateurs auraient conclu qu’il contenait des composants toxiques, sans les nommer et sans préciser l’organisme qui a effectué les analyses. Le produit entraînerait « la mort subite », rien que ça, mais 3 ou 4 jours après l’utilisation, affirme-t-on.
Les faits

Le HuffPost Algérie n’a pas pu vérifier l’authenticité du document. Plusieurs sources militaires contactées ont affirmé ne posséder aucune information sur une note similaire. Certains indiquent en avoir entendu parler sur les réseaux sociaux uniquement.

Le ministère du Commerce a de son côté ouvert une enquête sur cette « affaire ». Mais le parfum en question est introuvable. Une dizaine de vendeurs de produits cosmétiques à Alger, visités mardi, ont affirmé ne pas proposer de fragrance « Relax » à leurs clients ni l’avoir eu sur leurs étalages dans le passé.

Certains de ces commerçants ont cependant affirmé avoir vu la rumeur sur Facebook: « Attention, il parait que ce parfum est dangereux ».

Contactés, des spécialistes se sont montrés sceptiques sur la question. Des produits cosmétiques contenant des composants nocifs, dont l’acétone ou le benzène, peuvent avoir un effet toxique à long terme, mais « un parfum mortel au bout de trois jours, c’est un peu trop gros », affirme-t-on.

L’histoire semble être une parfaite intox. Son origine est floue mais on retrouve des traces sur internet remontant à janvier 2017 sur un produit portant le même nom. Plusieurs sites d’informations arabes, dont Alwafd, l’ont relayé en parlant de plusieurs morts, . Certains ont même parlé d’un produit dont le but serait de « combattre les musulmans »!

Ces sites ont attribué l’origine de leur « information » à un célèbre talk-show de la chaîne de télévision saoudienne MBC 1. Aucune trace de l’émission en question n’a pu être retrouvée sur internet.

Le site émirati Albayan a cependant rapporté le 21 août un démenti des autorités de Dubaï à propos d’un parfum Relax. « La commune a démenti l’existence de notifications, d’études scientifiques ou de résultats fiables prouvant le bien-fondé de cette rumeur », a indiqué la même source.

Les antécédents

Ce genre d’histoires existent depuis longtemps en réalité et circulent de temps à autre par email et SMS. Parmi elles, un hoax sur un parfum qui aurait tué plusieurs femmes a fait boule de neige en 2001 aux Etats Unis suite aux attentats du 11 septembre et la psychose des attaques à l’anthrax qui a suivi.

Le message en question, une combinaison de deux légendes urbaines plus anciennes selon le site Snopes spécialisé dans le discrédit des rumeurs, citait un hôpital, « Glen Eagles », comme source. Une version de ce hoax a pris assez d’ampleur en 2010 pour faire réagir l’hôpital Gleneagles de Singapour: « Nous n’avons jamais admis ou traité des patients pareils et nous n’avons jamais été au courant d’incidents pareils ».

La légende du parfum tueur a cependant refait surface en 2013, amplifiée par les réseaux sociaux et poussant l’hôpital à réagir encore une fois.

En 2013 une histoire similaire concernait un parfum d’une autre marque, « Lovely », a refait surface dans des pays arabes et également en Algérie. La même rumeur à propos de ce parfum a été démentie en 2011 par les autorités saoudiennes mais l’intox peut avoir la peau dure.