Question :

Est ce que vous pourriez m’indiquer en détail les règles à observer pour un couple musulman lors d’une relation sexuelle. Merci.


Réponse :

Pour l’islam, la sexualité et tout ce qui y a trait font partie de la nature humaine, et il n’y a pas de tabou qui y serait lié. L’instinct sexuel ne doit donc pas être considéré comme une mauvaise chose en soi. Mais cet instinct ne doit pas non plus être flatté sans cesse. En fait il doit être canalisé. Et c’est avec l’objectif de fournir à l’être humain cette orientation que l’islam lui offre, au sujet de la façon de vivre la sexualité comme au sujet de toute chose, des limites à respecter.
L’islam enseigne de plus que parler de choses intimes doit se faire avec dignité et en utilisant un langage plein de pudeur, comme l’a fait Dieu quand il dit dans le Coran : « … ne les approchez pas » (Coran 2/222) et « … avant que tous deux ne se touchent l’un et l’autre » (58/3).

Pour revenir à votre question, nous vous conseillons de lire tout d’abord notre article « Le concept du cultuel / religieux (dîn) en islam ». Vous y verrez que les façons de pratiquer les actes non purement cultuels sont laissées à l’appréciation de chaque individu. Seulement, même dans ces actes non purement cultuels, l’islam offre des règles (des obligations, des interdits, des choses qui sont déconseillées, des choses qui sont recommandées) à respecter. Et c’est le respect de ces principes qui inscrivent du « culte » et du « religieux » dans ces actes à l’origine non purement cultuels (c’est ce qui est différent avec l’Occident moderne, pour qui le « religieux » – le lien avec Dieu et la référence à Son agrément – est coupé des choses de la vie). C’est ainsi qu’en islam tout devient sacré. Et c’est bien pourquoi le Prophète (sur lui la paix) avait dit à ses Compagnons que les relations intimes entre époux sont un acte rapportant récompense auprès de Dieu. A ses Compagnons qui s’en étonnaient, il dit que puisque celui qui le faisait dans l’interdit commettait un péché, celui qui le faisait de la façon permise faisait un acte méritant récompense de la part de Dieu (rapporté par Muslim).

Nous disions donc que pratiquer les actes non purement cultuels est laissé à l’appréciation de chaque individu. D’ailleurs, au sujet des relations intimes, Dieu a explicitement dit dans le Coran qu’elles pouvaient être faites « comme vous voulez » (2/223). Quelles sont donc les diverses positions à pratiquer, quels préliminaires adopter, tout cela n’est pas spécifié dans les sources de l’islam mais est laissé à l’appréciation de chaque couple, comme le souligne Shâh Waliyyullâh (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 pp. 356-357). En effet, étant donné que cela relève de ce qui n’est pas purement cultuel (‘âdât), il n’y a pas besoin du fait que le Prophète ait pratiqué telle chose pour qu’on puisse la pratiquer. La règle est donc la permission originelle, à condition bien sûr que soient respectés un certain nombre de règles enseignées par l’islam. Et ces règles sont les suivantes.

Tout d’abord il y a bien évidemment l’obligation, pour les deux partenaires, d’être mariés. Pourquoi l’islam ne permet-il pas les relations intimes hors du cadre du mariage, cliquez ici pour le savoir. Comment se fait un mariage religieux en islam, cliquez ici pour le savoir.

Il faut ensuite savoir que la sodomie est strictement interdite (voir les nombreux hadîths du Prophète à ce sujet, notamment le hadîth rapporté par at-Tirmidhî, n° 1164, et par d’autres, authentifié par al-Arna’ût). Le Prophète a déclaré que celui qui y avait recours serait éloigné de la miséricorde de Dieu (mal’ûn) (Abû Dâoûd, 2162, hassan d’après al-Arna’ût).

De nombreuses personnes posent la question de savoir si les fellation et cunnilingus sont autorisés ou pas. Il y a des avis divergents à ce sujet entre les ulémas…
— Wahba az-Zuhaylî est d’avis que cela n’est pas autorisé (Al-Fiqh ul-islâmî wa adillatuh, 4/2641).
— Pour al-Qaradhâwî, en soi, le fait pour les époux de s’embrasser là où ils le veulent n’a pas été interdit par les sources musulmanes (cf. Fatâwâ mu’âssira, 2/353, Tahrîr ul-mar’a, Abû Chuqqa, 6/234, où est cité l’avis de Asbagh sur le sujet). Il faut cependant souligner que la substance que les organes génitaux masculins et féminins sécrètent au moment de l’excitation (on ne parle pas de « al-manî », émis uniquement au moment de l’orgasme, mais de « al-madhî », la substance émise tout au long de l’excitation) est najis et il est donc interdit de l’avaler ; même à considérer le second des deux avis que nous avons vus, la permission ne peut donc être que dans la mesure où le partenaire ne va pas avoir recours à une façon de faire qui l’entraînerait sans qu’il s’en rende compte à absorber cette substance.
Par ailleurs, s’il est avéré que ce genre de pratique met en danger la santé physique (certains médecins parlent de développement de cancer de la gorge à cause de ces pratiques), cela est alors interdit, li maslaha.

Il faut également savoir que pendant la période menstruelle, les relations sexuelles sont interdites (Coran 2/222), les étreintes et les jeux amoureux restant cependant tout-à-fait autorisés alors (les hadîths sont bien connus à ce sujet).

— Certains ulémas ont émis l’avis que lors de certaines nuits (la première, la quatorzième et la dernière du mois lunaire), il est en soi déconseillé que les époux aient des relations intimes (voir Ihyâ’u ‘ûlûm id-dîn, al-Ghazâlî, 2/80).
— Cependant, questionné à ce sujet, Ibn Taymiyya dit que cet avis n’a aucun fondement (Majmû’ ul-fatâwâ, 28/29) ; en l’absence de toute autre raison (par exemple la période menstruelle), les relations intimes sont donc en soi permises quand les époux le veulent.

Nous voudrions aussi dire que si l’islam est strict en ce qui a trait à l’exposition des corps en public (voir l’article concernant les limites à l’action des regards), il n’a en revanche ni interdit ni, d’après l’avis auquel va notre préférence, même déconseillé le fait que les époux soient totalement dévêtus (dans un lieu où personne ne peut les voir) ni le fait que les époux voient totalement leur nudité (excepté, selon certains ulémas, pendant la période menstruelle pour ce qui concerne la partie comprise entre les genoux et le nombril chez la femme). En effet, des hadîths interdisant ou déconseillant de se dévêtir totalement au moment des relations ou de voir la nudité de son conjoint(e), aucun n’est authentique d’après certains spécialistes du Hadîth (voir Tahrîr ul-mar’a, Abû Chuqqa, tome 6 pp. 148-149, et aussi Adâb uz-zafâf, al-Albânî).

Il faut également rappeler que les sources musulmanes enseignent que la satisfaction sur le plan intime n’est pas seulement un des droits du mari, mais également un des droits de l’épouse (Tahrîr ul-mar’a, tome 6 pp. 232-233, où est cité le propos de Ibn Taymiyya sur le sujet). Ici, il faut souligner qu’il ne faut pas négliger les préliminaires (at-tajammul et al-mudâ’aba) avant les relations intimes (cf. Zâd ul-Ma’âd, Ibn ul-Qayyim, tome 4 p. 253). Or, ce point doit faire l’objet d’une attention toute particulière de la part du mari, car l’homme et la femme ne vivent pas leur sexualité de la même manière. L’homme considère que les préliminaires sont quelque chose à faire le plus rapidement possible pour passer ensuite à ce que lui considère être l’essentiel. Alors que pour la femme, l’essentiel est chose différente. Bien plus que cela, la femme, pour pouvoir se donner à son mari, doit faire l’objet de l’attention et de la gentillesse de celui-ci toute la journée. Si le mari estime pouvoir avoir une relation intime avec sa femme malgré le fait qu’il la délaisse tout le temps, il se trompe lourdement. En fait, alors que pour l’homme, la sexualité est beaucoup plus physique, la femme ne peut se donner à son mari que si elle se sent bien avec lui, si elle s’estime en sécurité auprès de lui, si elle y est prête psychologiquement. Le mari doit donc s’efforcer de tenir compte de ce point important.

Toujours en ce qui concerne les principes, nous aimerions également rappeler que le Prophète (sur lui la paix) a recommandé qu’on prononce le Nom de Dieu avant les relations intimes (« Bismillâh, allâhumma jannib’na-sh-shaytâna wa jannib-ish-shaytâna mâ razaqtanâ ») (al-Bukhârî et Muslim). Ce fait de prononcer, avant tout acte de bien, le Nom de Dieu (par la formule bien connue « Avec le Nom de Dieu ») (en sus de la demande de protection contre le diable) permet entre autres de se rappeler qu’Il est Présent et d’acquérir la bénédiction liée à Son Nom (puisqu’en islam, il n’y a pas de prêtre qui accorderait la bénédiction au nom de Dieu).

Il faut aussi rappeler que le Prophète a déclaré qu’après des relations intimes, le bain complet (ghusl) est obligatoire sur les deux partenaires avant qu’ils puissent faire une prière (salât) (les hadîths sont bien connus à ce sujet).

Enfin, il est interdit que les époux racontent à d’autres personnes des détails de ce qui se passe pendant leurs relations intimes (voir à ce sujet le hadîth rapporté par Muslim, n° 1437, celui rapporté par Abû Dâoûd, n° 2174, et celui rapporté par Ahmad, n° 26301).

Comment ne pas finir cet article par le rappel que Dieu lui-même a fait dans le Coran ? Rappel qui repose sur l’idée que si l’instinct sexuel est normal et que si les époux peuvent et doivent vivre une sexualité épanouie (comme ils le veulent tant qu’ils ne transgressent pas une limite fixée par les sources musulmanes), ils ne doivent pas oublier les autres aspects de leur être, et notamment le fait qu’ils doivent aussi vivre une spiritualité épanouie, et pour cela pratiquer les actes du culte de Dieu (salât, etc.), développer en eux l’amour pour Dieu, la perfection dans l’adoration (al-ihsân) et la perfection dans le monothéisme (at-tawhîd al-kâmil). Et qu’ils doivent également œuvrer, par l’invitation (da’wa) et l’action, pour la réalisation d’un monde plus humain, d’une société plus juste et plus fraternelle. En un mot, le fait de pratiquer ce qui est acte de bien et est cause de plaisir ne doit pas engendrer l’insouciance par rapport à ce qui est acte de bien et qui constitue un devoir… Ce rappel, Dieu l’a fait ainsi : immédiatement après avoir déclaré aux humains que les relations intimes pouvaient être faites « comme vous voulez », Il leur dit : « Et préparez pour vous-mêmes. Et craignez Dieu, et sachez que vous le rencontrerez. Et donne la bonne nouvelle aux croyants » (Coran 2/223).

La solution pour pouvoir se réaliser dans des domaines aussi multiples est de faire sien cet enseignement du Prophète (sur lui la paix) : « Un temps et un temps » (Muslim, 2850). « Un temps » pour les choses de la vie (al-‘âdât), vécues d’une part selon les formes que l’on veut mais en respectant les principes enseignés par le Prophète, et d’autre part avec la prononciation du Nom de Dieu et des invocations de circonstances enseignées par le Prophète. « Et un temps » pour les choses purement cultuelles (al-‘ibâdât), pratiquées d’une part en respectant les principes enseignés par le Prophète autant qu’en se tenant aux formes qu’il a pratiquées, et d’autre part avec le maximum de présence du coeur. Le tout forme l’adoration de Dieu (‘ibâdatullâh).

Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux).

Source: maison-islam.com