« C’était un jeudi, comme d’habitude c’est mon seul jour de repos. Je dormais ma femme me réveilla affectueusement, je suis désolée, je te laisse Aminata, elle dort dans son panier, je vais vite aller a Auchan faire quelques courses nous n’avons plus rien.

Elle remet la couverture sur moi et laisse ouverte la porte. Je continue tranquillement mon sommeil. Comme dans un rêve prémonitoire, je fais un cauchemar je me lève en sueur et j’entends les cris de ma fille, je me précipite et la prends dans mes bras, je n’arrive pas à la calmer et elle refuse son biberon. Mes autres enfants de 4 et 9 ans sont encore à l’école. Soudain notre téléphone sonne.

Avant de déposer ma fille sur son panier le répondeur se déclenche mais la personne n’a visiblement pas voulu me laisser de message.

 

1 heure après, l’école appelle sur le portable de ma femme pour demander qu’on vienne chercher nos enfants. Je mets ma fille sur sa poussette et fonce sur l’école qui se trouve pas très loin de chez moi.
Il est 20 heures toujours pas l’ombre de ma femme, je commence à m’inquiéter terriblement.

Elle n’a pas ses habitudes je reprends mon téléphone fixe et je vois que c’est le commissariat qui avait appelé sans laisser de message, je me mets à greloter de peur, je ne sais plus quoi faire. Je fais manger mes grands enfants et les mets au lit. Je rappelle le commissariat et on me dit que des agents vont venir me voir. 15 mn après ils sonnent à la porte munis de la pièce d’identité de ma femme. Il me demande si c’est mon épouse je confirme, ils se regardent et l’un deux me dit, désolés pour la nouvelle elle a été renversée par un bus et n’a pas survécu…..

Je reste immobile sans rien dire l’un d’eux me fait asseoir et me dit tu es seul ici, là je m’éclate comme s’il m’avait rappelé que j’ai une fille de 2 mois, une fille de 4 ans et un garçon de 9 ans. Mes pleurs réveillent mes enfants qui pleurent aussi même Aminata pleure et la policière émue pleure avec nous. Ils me demandent d’appeler des amis, des parents. Je cherche mon téléphone en pleurant, j’appelle ma sœur je suis dans la côte d’azur elle dans le centre, je lui dit « Coumba nénam mi wopama to boni, gidelam yahi ».

Elle crie et lance son téléphone, j’appelle un ami le seul qui est proche de moi et qui n’habite pas loin, je lui dis Yero Aissata est morte, il resta sans voix. Les policiers appellent le service des assistants sociaux qui envoie deux dames rapidement.

Entre temps Yero est venu. Il m’amena à la morgue de l’hôpital, je vois femme ensanglantée, comme dans un sommeil paisible, elle dort, j’essuie son front, j’explose, Yero me tire vers lui à son tour il dévient inconsolable. Je prends son volant et on retourne à la maison.

Je rentre dans le salon je fixe mes enfants à tour de rôle et me demande comment vais-je faire, que vais-je devenir ? C’est en ce moment précis que j’ai mesuré le rôle et l’importance de cette femme, à qui de temps en temps j’ai peut être mal aimée, mal traitée ou manquer de tendresse…

Je suis abandonné seul, il va falloir que j’apprenne à être père et mère à la fois.

J’ai accompagné mon épouse jusqu’à sa dernière demeure. Je n’ai fait que 3 jours, je ne pouvais pas laisser mes enfants maintenant ils ne connaissent que moi.

 

C’est toujours dur mais le début était plus dur, je mangeais à peine, je dormais peu. Ma fille ainée a mis du temps pour oublier, toutes les nuits avant d’aller au lit elle posait la mortelle question quand est ce que maman va venir ? Au début à chaque fois que l’un de mes enfants pleurait ou était malade je pleurais. A chaque fois que je prenais ma couverture, je pleurais c’était le dernier geste de ma femme, me couvrir comme un enfant.

Je ne me couvre plus ne ferme plus la porte. Son placard, ses effets personnels sont restés comme elle les avait laissé. Je parfume mes draps de son parfum préféré, son oreiller est toujours à sa place. Elle n’est pas là mais elle est plus Présente dans ma vie. Elle restera à jamais dans mon cœur et mon inuque amour. Je lui disais rarement que je l’aimais, mais je le murmure tout le temps maintenant a chaque fois que je regarde ses photos qui ornent notre salon.

Je me suis mis en congé de paternité. J’ai refusé les choix faciles, laisser d’autres élever mes enfants. Depuis 28 mois, je garde ma fille Aminata avec moi et cours entre les écoles, les marchés, le terrain de foot de mon fils et ma cuisine.

Chaque nuit, en dormant je fais deux rakkas pour le repos de ma femme et lui demande pardon si je commets un manquement dans mes nouvelles tâches. J’ai la peur, la trouille de mourir et laisser encore le vide pour mes mômes. Allah Akbar, craignons Allah, lui seul était capable de me faire ça. Je vis seul, je n’ai que le souci de bien élever mes enfants. Je n’ai pas la tête à chercher une femme ou de l’argent. Au mois décembre in sha Allah pour la première fois, je partirai au pays pour voir ma mère et pour que ma belle mère puisse voir ses petits enfants et profiter de leur présence.

Vous qui êtes en couple, S’il vous plait respectez vos conjoints, chérissez-les, soyez attentionnés. Votre partenaire est plus important que toutes les connaissances du monde. Je ne vous souhaite pas de pouvoir mesurer l’importance de l’autre.

 

La vie est courte, profitez de la présence de l’autre pour vous épanouir, ne dites jamais que vous avez le temps. Le temps n’appartient qu’à Allah et à lui seul. Si ma femme revenait aujourd’hui, je ferais la cuisine pour qu’elle se détende, je ferais le ménage et j’éviterais de salir, j’oublierais les matchs de foot et je resterais à ses côtés en m’amusant et faisant le clown pour elle qu’elle rigole pour qu’elle vive ! Sa vie a été courte, et je n’avais pas mesuré sa surcharge de travail, j’ai été un mauvais mari, un mari qui ne disait jamais merci après avoir mangé, qui ne montrait jamais la satisfaction d’avoir une maison propre et rangée.

Quand vous devenez mère, vous saurez que c’est facile d’être père.

Qu’Allah nous bénisse et pardonne à nos morts. »