Il aura laissé son empreinte sanglante dans l’histoire contemporaine de son pays, l’insondable Stephen Paddock, 64 ans, ce retraité nanti bien moins tranquille qu’il n’en avait l’air, devenu dimanche 1er octobre, à Las Vegas, le pire tueur de masse que les Etats-Unis aient jamais connu, reste pour l’heure un mystère.

Mais force est de constater que parmi les qualificatifs dont on l’affuble pour brosser son portrait et tenter d’éclairer sa folie meurtrière à la lumière d’une explication rationnelle et audible, n’égratignant surtout pas le vernis de la présidence « trumpienne », une chose est frappante : le terme « terroriste » ne lui est toujours pas accolé…

Considéré ni comme un « terroriste » de l’intérieur, ni de l’extérieur, bien que Daesh ait revendiqué l’attentat en insistant lourdement, à travers trois communiqués successifs, sur sa conversion à l’islam et son allégeance au califat, cet Américain blanc et bon teint, sans casier judiciaire, qui a su mettre à profit ses compétences de comptable pour faire fructifier son argent dont il dilapidait une partie dans les casinos du Nevada, s’est pourtant brusquement métamorphosé en un meurtrier impitoyable, depuis sa suite située au 32ème étage du grand hôtel Mandalay Bay.

Alors que le FBI assure que rien ne le lie au terrorisme international et que Donald Trump, d’une rare sobriété, rechigne à raviver le débat houleux sur la libre circulation des armes (quoi de plus normal de la part de ce fervent soutien de la National Rifle Association, le puissant lobby des armes ?), nombre d’Américains de confession musulmane s’offusquent de cette nouvelle dérobade sémantique qui refuse d’appeler un chat un chat, dès lors que l’auteur de l’innommable s’avère être un citoyen blanc et non musulman.

Le discours officiel, peaufiné dans le Bureau ovale, préfère en effet décrire Stephen Paddock comme un « loup solitaire », voire un « tireur local », en proie à des « troubles psychologiques », que de le ranger dans la catégorie où seuls les suspects musulmans sont classés d’office. C’est bien connu, on ne voit des terroristes que derrière chaque musulman…

A l’heure où l’Amérique, saisie d’effroi, rend hommage aux 59 victimes tuées comme des mouches par un terroriste du terroir qui avait minutieusement planifié son passage à l’acte, des Américains musulmans, bouleversés, se sont d’autant plus émus sur Twitter de ce deux poids deux mesures qui persiste dans le traitement politico-médiatique d’un effroyable carnage.

Source : oumma.com