La polémique enfle en Tunisie après l’appel du président Béji Caïd Essebsi à revoir la question de l’égalité devant l’héritage et celle du mariage avec un non-musulman. Un pas pour le droit des femmes qui rencontre de nombreuses oppositions.
Ce n’est pas l’envie de le faire qui lui a manqué, mais c’est parce qu’il a été dissuadé à l’époque par les cheikhs la Zitouna et autres oulémas de l’Islam. Le combattant suprême craignait-il aussi les réactions que cette réforme pouvait susciter dans une société encore largement conservatrice.

Béji Caïd Essebsi considère, lui, qu’il est aujourd’hui possible de prévoir l’égalité progressive en matière d’héritage, s’appuyant en cela sur la nouvelle constitution du 27 janvier 2014 qui dispose dans son article 21 de « l’égalité entre citoyens et citoyennes en droits et en devoirs ». BCE jette la balle dans le camp des juristes tunisiens pour trouver les formules adéquates et conformes aux préceptes religieux et constitutionnels.

L’annonce du chef de l’Etat a suscité des réactions contrastées. Alors que certains l’ont considérée comme une atteinte aux préceptes de l’Islam, et à la constitution qui prévoit dans son article premier que l’Islam est la religion de la Tunisie, et qui stipule également que le texte de loi ne doit pas contredire le texte religieux. D’autres l’ont applaudie, la considérant comme étant révolutionnaire et progressiste.

Diwan Iftaa, lui, approuve, sans réserve aucune, la position du chef de l’Etat, « père de tous les Tunisiens pour sa grande expérience politique, son intelligence, et sa perspicacité », souligne-t-il. Dans un post sur sa page officielle, Dar al-Iftaa considère que le chef de l’Etat était « excellent dans son discours de dimanche 13 août ». Ses « suggestions étaient une consolidation de la place de la femme, une garantie et une activation du principe d’égalité entre l’homme et la femme en droits et en devoirs prônée par notre sublime religion », dit Dar al-Iftaa évoquant les traités internationaux ratifiés par la Tunisie, en vue d’éliminer les écarts en matière de droits entre les deux sexes.